Lutte contre l’insécurité: Le Centre-Nord brandit l’arme des valeurs traditionnelles et religieuses

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Son Éminence le Cardinal Philippe Ouédraogo et le Naaba Sonré de Boulsa

Après Kaya dans la province du Sanmatenga le 29 juillet 2023, Boulsa dans le Namentenga a abrité le 19 août dernier la journée provinciale de la promotion du vivre-ensemble au Centre-Nord. Initiées par les forces vives de la région, ces journées ont pour objectifs de rechercher des solutions endogènes à travers un recours aux valeurs traditionnelles et religieuses pour, d’une part, restaurer la cohésion sociale mise en rude épreuve depuis l’avènement des attaques terroristes et d’autre part contribuer à lutter contre l’insécurité.

Placée sous l’égide de Naaba Sigri, Dima de Boussouma, de Son Eminence Philippe cardinal Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou, d’el Hadj Abdoul Rasmané Sana, président d’honneur de la communauté musulmane du Burkina Faso et du Pasteur Théodore Sawadogo, président régional de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) du Centre-Nord, la journée du vivre-ensemble a tenu toutes ses promesses à Boulsa, chef-lieu de la province du Namentenga. En plus des forces vives des provinces du Namentenga, du Sanmatenga et du Bam fortement mobilisées, cette manifestation historique organisée à la grande place de l’aérodrome avec les bénédictions du Naaba Sonré de Boulsa a connu la présence d’éminentes personnalités administratives, sécuritaires, coutumières et religieuses avec à leur tête, le Haut-commissaire du Namentenga, Adama Konsèga.

Son Éminence le Cardinal Philippe Ouédraogo (a.g) aux côtés d’autres leaders communautaires

 

Pour débuter, les représentants des différentes couches religieuses, le cardinal Philippe Ouédraogo, le Pasteur Elisée Ouédraogo et el Hadj Hasmado Kafando, et coutumières, le Daporé Naaba du chef de Boulsa ont livré respectivement des messages visant à promouvoir le vivre-ensemble et la cohésion sociale dans la région du Centre-Nord en particulier et dans tout le pays en général. Tous ont exhorté les burkinabè à s’approprier les solutions endogènes de résolutions des crises et conflits communautaires axées sur les valeurs ancestrales et religieuses. Ils n’ont pas manqué d’inviter les populations à se départir des messages de haine et de division qui sont prônés par les groupes armés terroristes et à cultiver la tolérance inter-religieuse, la solidarité et la cohésion sociale autour d’elles.

Les chefs de terre

 

A la suite des prières religieuses pour renforcer le vivre-ensemble, le retour de la paix et la sécurité dans la région du Centre-Nord et le Burkina Faso tout entier, place a été faite aux garants de la tradition issus des communautés mossé et peulh.

Le représentant de la communauté peul

 

Tour à tour, les forgerons et les chefs de terre munis respectivement du matériel d’enclume et de fétiches, et les peulhs avec une flèche et une calebasse, ont imploré la terre nourricière et protectrice du pays, les mânes de leurs ancêtres et Dieu le Tout Puissant pour un retour de la paix et la sécurité au Centre-Nord en particulier et au Burkina Faso en général. Les porte-parole des coutumiers mossé et peulh du Namentenga ont appelé les membres de leurs communautés qui, pour des raisons diverses, ont adhéré aux groupes armés terroristes pour s’attaquer à la Nation de revenir à la raison en déposant les armes. Tout comme les traditionnalistes des communautés Mossé et Peulh du Sanmatenga, ceux de la cité de Namentenga ont prévenus les terroristes réfractaires et leurs complices qu’ils s’exposent à la punition et aux mauvais sorts de la terre nourricière et protectrice du pays ainsi que des mânes de leurs ancêtres et de Dieu, le Tout Puissant.

 

Les forgerons

A noter qu’à l’occasion de la cérémonie de la journée provinciale de promotion du vivre-ensemble au Namentenga, les associations Paspongo des opérateurs économiques du Centre-Nord et l’Association pour le développement de la province du Namentenga ont mobilisé respectivement 15 et 10 tonnes de vivres au profit des personnes déplacées internes (PDI) de la dite province ; 323 625 F CFA ont également été mobilisés par les participants à cette journées pour soutenir la prise en charge des veuves et orphelins des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) tombés au front et des plants ont été mis sous terre.

Les vivres mobilisés

 

Dieu-Donné Windpouyré Ouédraogo


Encadré 1 :

Cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou et natif du Centre-Nord : « … que le Burkina Faso retrouve l’ambiance et la paix d’antan… »

« Nous sommes les graines d’un seul et même panier. Que la paix, la réconciliation et la justice que nous désirons nous soient données en abondance et que la Burkina Faso retrouve l’ambiance fraternelle et la paix d’antan. Nous avons la ferme conviction et la présomption qu’une telle rencontre est providentielle. Elle pourrait nous rapprocher d’avantage. J’ai insisté pour que nous puissions démolir les murs de haine, d’intolérance et d’incompréhension pour bâtir des ponts de fraternité et d’amitié. Nous avons tous le même message à donner à la population du Centre-Nord et aussi à l’ensemble de nos frères et sœurs du Burkina Faso. »

Encadré 2

Issaka Sidnoma Kaboré, président du comité d’organisation des journées du vivre-ensemble. Quel bilan faites-vous des deux premières étapes des journées du vivre-ensemble au Centre-Nord ?

Le bilan des deux premières étapes des journées du vivre-ensemble au Centre-Nord qui se sont tenues à Kaya et à Boulsa est très satisfaisant et cela sans complaisance. Les rencontres ont permis aux différentes communautés de s’exprimer, de communier et de prendre des engagements dans la lutte contre le terrorisme et pour un mieux vivre-ensemble. Les prières, les messages et les rites ont été expressifs et persuasifs. Les dons aux PDI (par l’association paspaongo des opérateurs économiques) ont renforcé notre volonté de partage et de solidarité. Sans contraintes, ce sont des engagements conscients et responsables qui ont été pris. Nous regardons tous, un peu plus, dans la même direction. Par ailleurs, les programmes ont été intégralement respectés. La bonne conception de ce projet de vivre-ensemble a facilité sa mise en œuvre.

Comment le comité d’organisation que vous présidez a-t-il réussi à relever le défi de la mobilisation des différentes composantes des forces vives du Centre-Nord dans un contexte où des communautés se regardent en chiens de faïence depuis l’avènement des attaques terroristes ?

Le comité d’organisation a réussi à relever le défi de la mobilisation des différentes composantes des forces vives du Centre-Nord parce que nous avons été inspirés par le comité d’orientation composé du Dima du Bousouma, du cardinal, du président des opérateurs économiques et président d’honneur de la communauté musulmane et du président régional de la FEME. Ce comité d’orientation et des personnes ressources ont joué un prépondérant dans la mobilisation de toutes les communautés traditionnelles et religieuses. L’association régionale (ADRCN) dont je suis le président et les 3 associations provinciales du Bam, du Namentenga et du Sanmatenga ont été mises à contribution. En plus, nous avons bénéficié d’un soutien sans faille de la presse qui a été un allié de tout instant. Il est à noter c’est une auto mobilisation.   , car ce n’est pas une activité de quelques personnes à laquelle, les populations sont conviés à adhérer mais c’est leur activité dans leur intérêt et cela a été dit et répété. Les termes de référence et le plan de communication des journées de vivre-ensemble ont été bien exécutés.

Quels sont les perspectives de cette initiative après l’étape de Kongoussi qui marquera la clôture de ces journées de promotion du vivre-ensemble au Centre-Nord ?

Les perspectives de cette initiative après l’étape de Kongoussi (Ndlr : le 26 août 2023) sont d’abord de faire un bilan global et de tirer les leçons. Ensuite, un comité de suivi formalisé sera mis en place (sous l’égide du comité d’orientation) avec un règlement intérieur pour la poursuite du recours aux valeurs traditionnelles, religieuses et communautaires afin de renforcer la cohésion sociale et de lutter ensemble avec tous les acteurs contre le terrorisme au Centre-Nord. Le comité de suivi va s’autosaisir et connaître de tous les problèmes relatifs à la cohésion sociale et au vivre-ensemble dans notre région en relation avec les autorités administratives. On aura aussi, entre autres, si nos moyens le permettent, un film documentaire de 26 minutes, des messages à faire passer continuellement dans les médias. Il faut nécessairement entretenir la flamme du vivre-ensemble au quotidien.

Article publié dans L’OBSERVATEUR PAALGA N° 10 911 du MARDI 22 AOÛT 2023 

 

 

 

 

 

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