De Silgadji à Ouagadougou, Sawadogo Ali reviens sur les évènements de leur fuite
Des déplacés internes dans la capitale, il en existe. Parmi eux Sawadogo Ali un sexagénaire polygamme, est logé à Pazani, un quartier périphérique de la ville de Ouagadougou, au Burkina Faso où il cohabite en harmonie avec ses voisins. C’est entre douleur et amertume qu’il nourrit l’espoir de retourner un jour chez lui à Silgadii, sa localité d’origine.
L’air dépité, assis sous son hangar, c’est un homme profondément meurtri que nous avons rencontré en cette soirée du 30 août 2021. Cela fait maintenant deux (02) ans que Sawadogo Ali habitant à Pazani n’a qu’un seul espoir, le retour de la paix dans sa localité d’origine, Silgadji afin qu’il y retourne. Fuyant les attaques au lendemain de la fête de Ramadan 2019, il a pu rallier la capitale en compagnie d’autres membres de sa famille.
Comme lieu d’accueil, c’est à Pazani, un quartier dans l’arrondissement 9 de la capitale Ouagadougou au Burkina Faso qu’il a trouvé refuge depuis le 08 juin 2019. « Le jour de la fête de Ramadan 2019, ils (ndlr les terroristes) se sont rendu à Bogtoogo une localité pas loin de chez nous où ils ont massacré des gens. Quel que soit l’endroit où tu te trouvais, tu avais l’impression que c’était à ta porte qu’on tirait les coups. Au jour suivant, personne ne savait où donner de la tête. La population dans les environs a pris la fuite. Certains sur des motos d’autres encore sur des vélos. Nous aussi nous les avons rejoint sans se poser de questions.» relate-t-il.
A Pazani, Ali tout comme les autres déplacés ont pu bénéficier d’un accueil « empreint d’humanisme » de la part des populations. Gites et couvert leur ont été offerts. Une chaine de solidarité a commencé à se développer autour d’eux. Les autorités de l’action sociale leur ont apporté de l’aide durant sept (07) jours.
Désormais ils comptent sur de bonnes volontés pour subvenir à leur besoins en « nourriture, soins et scolarisation ». A entendre le vieux Sawadogo, certaines personnes pensent que leur présence dans la capitale serait dans l’intention de jouir des attraits et commodités de la ville. Il estime que ce n’est pas le cas d’autant plus que ses conditions de vie et la plupart d’entre eux à Silgadji étaient « mieux » que leur condition actuelle de déplacé fût-il à Ouagadougou.
« On n’allait pas envoyer les enfants à l’école si nous avions su que les frais étaient à notre charge… »
En ce qui concerne la scolarisation de leurs enfants, Sawadogo dira que de bonnes volontés ont pris en charge 50% des frais scolaires. Alors qu’ils pensaient être exemptés du reste des frais, les enfants ont été expulsés pour non-acquittement. Cette situation lui fera dire : «Nous avons envoyé les enfants à l’école sans savoir que c’est nous-même qui allions payer les frais de scolarité. Si nous avions su, nous n’allions pas les y envoyer car nous n’avons pas d’argent ». Pour lui, les responsables de l’école fréquentée ont été « vraiment indulgents » à leur endroit pour laisser les enfants terminer l’année scolaire 2020-2021. Pour la prochaine rentrée 2021-2022 il avance que la plus part d’entre eux « ne savent pas à quel saint se vouer ».
« Depuis que nous sommes là, nous n’avons pas de problèmes avec nos voisins… »
Interrogé sur la cohabitation pacifique avec la population d’accueil, Sawadogo rassure de la bonne entente. Et Ousmane un autre déplacé de renchérir : « Depuis que nous sommes là, nous n’avons pas de problèmes avec nos voisins. Il règne une bonne entente entre nous. Ils nous ont été solidaires depuis le début. Même pour les enfants ça va. Vraiment il n’y a pas de mésententes entre nous. Il n’y a jamais eu une situation de querelle». Par ailleurs, il lance un appel à toute aide à leur endroit.
Selon le responsable des déplacé de Pazani, Ali Tapsoba l’on y dénombre actuellement 960 personnes dont, 280 femmes, 180 hommes et 500 enfants. Parmi ces derniers, 210 sont des élèves.
Edouard OUEDRAOGO (stagiaire)