Depuis 2014, le Burkina Faso a adopté la loi interdisant la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables. En dépit de cette loi, l’usage de ces polluants plastiques continue de garnir l’environnement par le fait des populations.
L’adoption de la loi n°017-2014 du 20 mai 2014 portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables avait suscité beaucoup d’espoir dans l’élimination de ces polluants de l’environnement. Malheureusement, force est de reconnaître qu’aucune ligne n’a bougé malgré la prise du décret N°2015-798/PRES-TRANS/PM/MERH du 3 juillet 2015, portant contraventions et amendes administratives applicables en matière d’emballages et de sachets plastiques. L’autorité a-t-elle démissionné ? L’on est tenté de répondre par l’affirmative vu que les déchets plastiques constituent de nos jours, le plus gros lot d’ordures ménagères que l’on rencontre dans les villes et villages du Burkina Faso.
A Ouagadougou, l’usage des sachets plastiques est entré dans les habitudes des populations au point qu’elles ne peuvent pas s’en passer. Difficile de voir une ménagère revenir du marché sans qu’elle ne tienne un sachet contenant des condiments. De nos jours, c’est un réflexe pour un client de réclamer à un marchand un sachet plastique après avoir acheté un article. Quoi de plus normal de voir ces objets polluants jetés joncher les artères de la ville après usage. Au-delà de la pollution visuelle qui rend le paysage inesthétique, les déchets plastiques obstruent les canaux d’évacuation des eaux de pluie. Ce qui provoque souvent des inondations lors des saisons pluvieuses. Dans les villages, avec l’effet du vent ces déchets plastiques sont parfois accrochés aux arbres. Ceux qui sont éparpillés au sol sont consommés par des animaux. Ce qui entraine la perte de bétails. Tandis que ceux qui sont enfouis dans le sol empêchent souvent les plantes de se développer.
La méconnaissance de l’impact
Le moins que l’on puisse dire est que la prolifération des sachets plastiques est due à l’absence de réflexe de salubrité et à la méconnaissance de l’impact des déchets plastiques dans l’environnement et sur la santé humaine. Toute chose qui doit interpeller les autorités à appliquer la loi n°017-2014 du 20 mai 2014 avec la rigueur qui sied. Elles doivent en amont interdire la production et l’importation et en aval réprimer les commerçants et les distributeurs des emballages et sachets plastiques non biodégradables avec la rigueur qui sied. Cette volonté politique a fait du Rwanda, un pays toujours cité en exemple dans l’interdiction de ces plastiques polluants. Les autorités doivent accompagner les structures associatives qui prennent l’initiative de collecter ces sachets plastiques en vue de leur revalorisation.
Même si le taux d’absorption dans la fabrication des produits artisanaux reste très faible par rapport au rythme de propagation, il contribue un tant soit peu à la réduction de la pollution. Cela demande que ces associations soient équipées en matériel et équipement de travail. Des initiatives de rachat des sachets plastiques collectés doivent être rééditées, en vue de leur transformation. En effet, il arrive souvent que ces déchets plastiques collectés soient incinérés parce que les collecteurs ne trouvent pas de preneurs. Or, leur incinération libère du gaz toxique et cancérigène nocif pour la santé humaine et animale. Il s’est tenu présentement du 28 février au 2 mars 2022 à Nairobi au Kenya une assemblée des Nations Unies pour l’environnement sous le thème « Renforcer les actions en faveur de la nature pour atteindre les objectifs de développement durable ». Il a été question au cours de cette rencontre d’examiner l’accord international de lutte contre la pollution provoquée par la production de matière plastique. Vivement qu’au sortir de cette assemblée que les pays membres en l’occurrence le Burkina Faso, traduisent en actes les résolutions qui seront prises.
Paténéma Oumar OUEDRAOGO
CREDIT PHOTO : REMI ZOERINGRE