Au Mali, les examens de fin d’année se dérouleront du 08 juillet au 06 septembre prochains. L’information a été donnée le 13 juillet dernier à travers un communiqué signé du Secrétaire général du ministère de l’Education nationale. Cette annonce intervient un mois après la levée du mot d’ordre de grève des enseignants signataires du 15 octobre 2016. Le gouvernement a donc proposé un plan de sauvetage de l’année scolaire qui ne semble pas être accepté par tous les acteurs. Du coup, on se demande si l’année pourra, finalement, être sauvée.

Le programme scolaire pourra-t-il être épuisé avant l’échéance fixée par le gouvernement, c’est-à-dire la période du 08 juillet au 06 septembre prochains ? Sur cette question, les enseignants indiquent que les examens se tiendront même si tout le programme n’est pas dispensé. Dans son plan de sauvetage, le gouvernement a proposé des heures supplémentaires pour rattraper le temps perdu suite à la grève des enseignants. Une initiative loin d’être partagée par tous.

Pour Ousmane Almoudou, Secrétaire général des enseignants fonctionnaires des collectivités, faire des heures supplémentaires, ne répond pas aux règles. Selon lui, la pédagogie d’enseignement ne permet pas aux enfants de faire plus de 7 heures de cours par jour.

« Même si les enseignants acceptent ces jours et heures supplémentaires, on ne pourra pas épuiser le programme » affirme-t-il.  « Quand vous demandez à des gens qui ont 29 et 30 heures de cours par semaine, de faire 42 heures par semaine, le minimum de courtoisie voudrait que vous les consultiez pour qu’ils puissent consentir aux sacrifices proposés », poursuit le secrétaire général des enseignants fonctionnaires des collectivités, selon qui, ceux qui ont établi ce programme, ont oublié ou négligé les valeurs et les compétences pédagogiques.

Le collectif des enseignants signataires du 15 octobre 2016, reproche au gouvernement, d’avoir établi son plan de sauvegarde de l’année scolaire sans l’avoir consulté.

Du côté des élèves, si certains se disent prêts pour les examens, d’autres, en revanche, ne se sentent pas prêts pour l’échéance fixée pour les examens. Ceux-ci estiment qu’ils ne peuvent pas partir à l’école sous la pluie. « Franchement, on n’est pas prêts », déclare un élève de l’Ecole centrale pour l’industrie, le commerce et l’administration (ECICA). « Pendant que les maîtres étaient en grève, moi je m’exerçais toujours ; donc je suis prête », souligne une jeune fille, favorable au nouveau calendrier des examens de fin d’année.

Lors de la rencontre de concertation le 20 mai dernier, le ministère de l’Education avait proposé une prorogation de l’année scolaire jusqu’en fin juillet. Il avait promis, également, de prendre des dispositions nécessaires pour la bonne tenue des examens à dates fixées. Pour ce faire, le département prévoyait une vaste campagne de sensibilisation afin de faire adhérer tous les acteurs à cette proposition appelée plan de sauvetage de l’année scolaire.

Cependant, des doutes persistent encore chez certaines populations concernant ce plan de sauvetage notamment le prolongement de l’année scolaire. Cette prolongation de l’année scolaire, interviendra en pleine période d’hivernage.

Côté gouvernemental, on compte prendre des dispositions nécessaires sur ce sujet. Ainsi, dans certaines zones à haut risque, des dispositions spéciales seront prises pour les cours. Dans la région de Mopti, par exemple, considérée comme zone difficile d’accès en saison pluvieuse et en proie à l’insécurité, les responsables d’écoles pourront prendre certaines mesures.
« Quand il va pleuvoir, il sera permis aux élèves d’aller en classe qu’après la pluie. Cela veut dire que les retards pour raison de pluies, seront tolérés » explique Daouda Doumbia, Directeur adjoint de l’académie d’enseignement de Mopti

Les responsables scolaires de Menaka, se disent aussi inquiets par rapport à la prolongation de l’année. Aboubacar Diarra dit Mogoté, est le responsable d’une école à trois classes qui comptent plus de trois cent élèves. « Peu d’enfants pourront répondre au rendez-vous. Un tiers seulement de l’effectif, fréquente –l’école- pour le moment. Cette baisse du taux de fréquentation, pourrait diminuer à cause de cette prorogation de l’année scolaire » explique-t-il. Selon lui, c’est au mois de juillet que s’installe l’hivernage dans la région. Cela est accompagné par le déplacement des populations vers les points d’eau et les terres cultivables. « De nombreux enfants se verront dans l’obligation de suivre leurs parents » ajoute-t-il.

Les responsables des Centres d’animation pédagogique (CAP) prévoient une rencontre avec tous les acteurs pour une sensibilisation autour du plan de sauvetage de l’année scolaire. En attendant, des dizaines d’école restent fermées depuis 2012 à cause de la crise sécuritaire.

Une classe de 5ème année dans une école de Bamako

Dans la région de Sikasso, plus précisément à Kadiolo, les parents menacent de retirer leurs enfants de l’école si l’année est prolongée. Pour eux, ces élèves sont une main-d’œuvre dans les champs pendant l’hivernage.

Mais à Ségou, le directeur de l’académie d’enseignement a déjà entamé une campagne d’information et de sensibilisation dans les différents centres d’animation pédagogique. Objectif : expliquer le bien-fondé de la prolongation de l’année scolaire. Cependant, les parents d’élèves sont partagés sur la question. Certains disent comprendre la décision et trouvent même le temps insuffisant pour épuiser le programme. D’autres, en revanche, s’interrogent par rapport à l’hivernage.

Dans le cercle de Dioïla, les populations se mobilisent pour sensibiliser sur le sujet. Elles incitent les parents à laisser leurs enfants partir à l’école même pendant l’hivernage.

Des doutes persistent donc sur la couleur de l’année scolaire au Mali avec les craintes qu’elle ne soit « blanchie » par les autorités.

Par Juliette Coulibaly, Journaliste (Mali)

1 COMMENTAIRE

  1. Nous avons une situation pareille au Niger mais qui concerne les étudiants des Universités Publiques victimes de la grève des enseignants chercheurs.
    Suite à une médiation entre le gouvernement et le syndicat des enseignants, ils ont promis de de rattraper les heures de grève et en contrepartie le gouvernement s’ est engagé à payer l’integralité de leur salaire coupé.
    Donc pour dire que le dialogue est synonyme de solution à tout problème.
    Je souhaite que les acteurs de l’education se rencontrent afin de trouver des solutions, au grand bonheur de tous.

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